À regarder de plus près, les photomatons sont des drôles d'engins, polaroïdes géants ou créatures monstrueuses qui nous avalent crus, afin de nous recracher aussi sec après avoir imprimées nos âmes sur du papier glacé.
La voix mécanique est sinistre et les ordres qui sont lancés arbitrairement par cette boite de ferraille tétanisent. Les jambes flagellent, les perles salées dégoulinent sur le front moite.
L'oeil de la machine le dévisage, elle observe attentivement les moindres traits et rides.
Qui osera lever les yeux, et la regarder en face ?
De coté et hésitant, les deux globes se posent malgré tout sur la ferraille hostile de l'engin, automatiquement, le reflet est renvoyé. La panique s'installe. Les spasmes s'attaquent avec vigueur au corps entier. L'automate est malin, à travers sa vile carcasse qui semblait creuse, sommeille en fait, un esprit malin qui cherche à nuire à l'être humain !
Les mains passent sur le visage et épongent le suintement, elles redescendent aussitôt vers le bas du corps pour saisir un sac, elles le vident de son contenu. Avides de trouver un saint objet pour assainir cet atmosphère pourrie.
Un, deux et trois. Trois coups sont ainsi portés à l'appareil, hélas, la lame glisse sur la paroi froide, pour dévier et se planter dans un des deux yeux, elle retombe enfin au sol, dans un bruit sourd.
Le sang gicle, coule et se répand dans la cabine, un flash brutal, puis un silence macabre.
La bécane s'exécute, elle produit des petits bruits, des couinements stridents pour accoucher de sa création.
La photographie est réussie.
1 commentaire:
hihi j'adore ta vision de la fameuse cabine photo à 4€ la photo ! MDR
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