30/11/2009

Cochonailles

Les enterrements m'ont toujours évoquer des buffets froids, peut-être à cause du cadavre frais du défunt, ou de l'énorme cafard qui me ronge la paroi intestinale. J'ai déjà enterré trois humains dans ma jeune vie, et c'est une bonne moyenne. À chaque fois, c'est la même affaire. Souvent, ça débute par un coup de téléphone, au bout du fil, une personne affolée, à la voix balbutiante, qui nous raconte l'histoire abscons d'un décès. Le cas pourrait être intéressant si l'interlocuteur y mettait du sien : un soupçon de tragédie, une pointe de glauque, une dose d'humour même.. Mais rien n'y fait, notre interlocuteur reste sous le joug d'une tristesse égoïste.
Le rideau tombe lors d'une farce absurde où les amis, et la famille du mort sont les acteurs principaux.
Si au téléphone, il n'y avait rien de comique, ici la pantomime prend tout son sens, les vivants flottent dans des vêtements sinistres, leur mine est encore plus défaite que celle du défunt célébré. On peut entendre des petits couinements émis par des femelles -ce qui est d'un mauvais goût évident-, on prononce des discours ineptes en évoquant des souvenirs, plus ou moins drôles, plus ou moins touchants, ponctués par moments, de quelques envolées lyriques.

La dépouille est alors rendue à la terre et les vivants, eux, sont rendus à leurs activités oisives qui leur permettra de mieux assainir le coup fatal au mort : l'oublie.

Bienvenue :)

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